Il a fallu emprunter un bus, un ferry et un taxi pour arriver aux portes de ma nouvelle auberge de jeunesse située à Georgetown. À première vue, elle a l’air vraiment chouette ! Elle est dotée d’une piscine et d’un bar extérieur.
En plus, j’arrive juste à temps pour le Pub Crawl ! Ça tombe bien, ça fait une éternité que je n’ai pas fait la fête et j’ai bien envie de me faire de nouveaux amis. Je sirote tranquillement un cocktail au bar pendant que l’organisation de la soirée se met doucement en place. Je sympathise avec un frère et sa sœur originaires de Bourg-la-Reine. Ça alors, des voisins !
J’aperçois un garçon assis seul à une table. Il a l’air pas mal du tout. Ça me donne une bonne raison d’aller lui parler ! Bon finalement… je n’aurai peut-être pas dû. Le bougre m’a carrément envoyé balader.
Il m’a gentiment fait comprendre qu’il était lassé de faire connaissance tous les jours avec de nouvelles personnes car ce sont toujours les mêmes questions qui reviennent : “tu t’appelles comment ? Tu viens d’où ? Tu voyages depuis combien de temps ? C’est quoi la prochaine destination ?”… D’un côté, je le comprends. C’est mon quotidien depuis cinq mois alors je ne vais pas lui jeter la pierre. Je trouve ça juste dommage car il me plaisait bien.
L’heure du départ sonne comme une libération et me sauve de cette entrevue chaotique. La soirée va bon train. On enchaîne les bars et les verres d’alcools avant de terminer tous éméchés au George café, une sorte de boîte locale.
Je découvre avec stupeur que le garçon qui m’a envoyé valser n’est autre que le barman du club. Je comprends mieux pourquoi il est si blasé. Je décide d’aller commander un verre. Allez, on ne lâche rien !
Il m’envoie bouler une seconde fois en me faisant un geste dédaigneux de la main qui voulait dire “pas maintenant”. Sérieux, il se prend pour qui ce mec ? C’est ton boulot de servir des verres. Au final, il a carrément zappé ma commande. Par contre, il n’a pas oublié de servir tous les gens à côté de moi. Bon cette fois c’est décidé, je lâche l’affaire.
Il est 3h00 du matin quand je regagne les portes de l’auberge de jeunesse. Je fais un dernier tour aux toilettes et entreprends la montée des escaliers quand je tombe nez à nez avec cet affreux garçon.
Des mots sortent de sa bouche. C’est à moi qu’il parle là ? Je me retourne au cas où. Personne. On dirait bien que c’est à moi qu’il parle. Je suis tellement surprise que je lui demande de répéter. Décidément, je ne comprends vraiment rien aux hommes. Et voilà qu’à présent, il ne s’arrête plus de parler si bien qu’on a discuté jusqu’à 6h du matin !
Je tombe de fatigue et me vois dans l’obligation de mettre un terme à cette discussion passionnante. Berhan me raccompagne devant la porte de mon dortoir et me fait un “câlin turque” en guise d’au revoir. Apparemment, c’est comme ça qu’on souhaite bonne nuit dans son pays. C’est chou.
Comme il fallait s’y attendre, je suis un vrai légume le lendemain matin. Je suis dans l’incapacité de faire quoi que ce soit. Le seul trajet que je suis capable de réaliser c’est celui qui va du bar à la piscine.
En fin d’après-midi, ma séance bronzage est interrompue par Mélodie qui me propose de se joindre à elle, son frère et Ilan pour aller visiter le temple de Kek Lok Si. On arrive sur les lieux aux alentours de 19h30. L’endroit est magique. On se croirait à Disneyland Paris ! Le temple est illuminé par des centaines de lanternes à l’occasion du nouvel an chinois. C’est tout bonnement féérique !
De retour à l’hostel, je fais des pieds et des mains pour motiver Mélodie à sortir car j’ai très envie de faire un saut dans le bar où travaille Berhan. Il est 00h00 quand on arrive au George café. Je me dirige immédiatement au bar pour aller le saluer. Il me lance un énorme sourire et m’offre discrètement un verre.
Nous passons encore une folle soirée. Une fois son service terminé, Berhan me rejoint et me propose de poursuivre la soirée dans un autre club. Nous dansons un peu avant de rentrer. Cette fois, j’ai le droit à un bisous avant d’aller me coucher ! Yesssssss, il en a mis du temps…
Le lendemain, Mélodie, son frère et moi nous mettons en route pour aller découvrir le parc national de Penang situé à 1h00 de route de Georgetown. J’étais dans un état de fatigue extrême. J’ai vécu le trek dans la jungle comme une vraie torture. En tout cas c’est décidé, je n’irai pas faire la fête ce soir. Je suis trop crevée !
Le jour suivant, je motive Berhan pour aller se promener car depuis son arrivée, il n’a vu que l’auberge de jeunesse. Nous avons donc passé une après-midi très agréable à nous balader dans le centre historique de Penang à la recherche des œuvres de street art. On en a même profité pour faire un petit Polaroid souvenir…
Étant donné qu’on a à peine trouvé la moitié des œuvres la veille, j’ai décidé de retourner faire le tour du centre-ville à vélo le jour d’après en compagnie d’Eden. La maligne avait un plan qui répertoriait toutes les œuvres de street-art ce qui nous a permis de les trouver facilement !
Je me rends compte que cela fait déjà 5 jours que je suis arrivée à Penang. Je me sens tellement bien ici, je n’ai pas du tout envie de partir. Je crois bien d’ailleurs que c’est la première fois que je reste aussi longtemps au même endroit. Il faut dire qu’il y a beaucoup à faire dans les environs, que la nightlife est cool, que l’auberge est top et qu’il y a Berhan…
Ce qui est sûr, c’est que dans 4 jours je devrai quitter la Malaisie pour aller retrouver ma maman à Bali. Je ne pourrai donc plus repousser l’échéance du départ. En tout cas pour l’heure, j’ai décidé d’écouter mon cœur et d’en profiter un maximum…
PS (P-aragraphes bonu-S) :
Les photos et le récit de mon dernier jour à Georgetown.
Il m’a fallu courage et détermination pour réussir à convaincre Berhan de louer un scooter. Nous avons passé une agréable après-midi à visiter le temple des serpents et de Kek Lok Si. Et pour finir en beauté, nous sommes allés nous promener dans le jardin botanique de Penang Hill.
Comme chaque soir, Berhan est parti travailler. Quant à moi, j’ai décidé d’aller me coucher. Je lui ai simplement demandé de me réveiller une fois son service terminé afin que l’on puisse partager un dernier moment ensemble. Sans ménagement, monsieur est venu me secouer comme un cocotier au beau milieu de la nuit. Il m’a sorti du lit à 4h00 du matin car l’envie lui prenait d’aller s’empiffrer un curry au restaurant indien qui fait l’angle.
En fait, il était complètement saoul. Il m’a avoué qu’il avait un peu trop bu car il était triste que je m’en aille. Ce n’était donc pas la soirée d’adieu dont je rêvais mais il est quand même craquant quand il est un brin éméché.
Le seul bémol, c’est qu’il m’a été impossible de le réveiller pour lui dire au revoir le lendemain matin. Ce n’est pas faute d’avoir essayé et ce, à mainte reprise. Mais bon d’un côté, tant mieux. Au moins, il ne m’a pas vu pleurer quand l’heure est venue pour moi de le quitter…