Après avoir passé deux semaines à me remettre de ma virée chaotique à Uyuni et avoir pris des cours d’espagnol à Sucre, une ville bolivienne pleine de douceur, j’ai décidé de poursuivre ma route en direction de Samaipata pour y faire du volontariat.
Il est donc 12h lorsque le taxi me dépose aux portes du refuge animalier « Jacha Inti ».
L’excitation monte en découvrant le cadre enchanteur dans lequel je vais passer les deux prochaines semaines à faire du volontariat.
Il faut bien reconnaître que l’endroit est incroyablement fleuri et est très bien entretenu. On ne peut qu’être gagné par la zénitude et la sérénité des lieux.
Je suis accueillie par Julio, le plus ancien des volontaires. Il m’explique qu’il est responsable du bon fonctionnement du refuge. Il m’informe que l’équipe est composée d’Emma, un argentin ; de Marta et son fils Manu originaires d’Équateur et d’Antoine un français.
J’ai déjà hâte de les rencontrer ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que je tombe à pique, la bande est sur le point de passer à table. C’est une bonne occasion d’établir un premier contact avec le reste du groupe.
Les présentations faites, on m’explique en détail comment va se dérouler le volontariat.
Pour simplifier l’organisation, Julio élabore chaque semaine un planning et y repartit les tâches quotidiennes de chaque volontaire.
Nos journées de travail s’étendent de 8h à 17h30. Nous disposons d’une pause déjeuner de 2h ainsi qu’un jour de repos par semaine.
Un volontaire est désigné chaque jour pour s’occuper de l’entretien des espaces communs. Il doit faire le ménage, cuisiner un plat végétarien pour le déjeuner et veiller à préparer le pain pour le lendemain. Ok ! Je vais prier pour que ça ne soit jamais moi… Je ne mange déjà pas de légumes alors cuisiner végétarien ça serait un comble !
Après le déjeuner, Julio me fait faire le tour de la propriété. Ça m’étonne de voir certains animaux se balader en liberté comme Tchabot un porc sauvage, Victorina un singe araignée ou encore une colonie de singes écureuil et un coati à trois pattes !
Nous entrons dans chaque cage. Je découvre émerveillée les différentes espèces détenues par le refuge. Il y a des singes, des toucans, des perroquets, des coatis, des perruches, des lamas, des ragondins ou encore des ocelots.
À présent que je dispose de toutes les informations, il est temps de me mettre à l’ouvrage avec une première mission : l’épluchage d’un sac géant de haricots !
Bon ! Ce n’est pas la première mission dont je rêvais c’est sûr… Moi qui pensais être directement au contact des animaux sauvages, c’est raté !
Je me lève excitée le lendemain matin. Julio n’a pas mis à jour le planning, je ne sais donc pas ce qui m’attend !
Le verdict tombe après le petit déjeuner : je suis de corvée de ménage ! Décidément, je pense que ma tête ne lui revient pas…
Je traîne des pieds jusqu’à la réception. J’y fais la connaissance de Manu, la propriétaire des lieux que je n’avais pas encore eu l’occasion de rencontrer.
Je constate avec étonnement qu’elle possède un handicape qui l’empêche de marcher correctement. Ça ne doit pas être évident de gérer un endroit comme celui-là dans son état.
Confortablement assise sur son trône de princesse, Manu me désigne un pan de mur à décrasser à l’aide d’un dépoussiéreur, d’une éponge et d’un sceau d’eau. Je tire la grimace en découvrant la quantité de poussière amassée sur les étagères.
Avant de passer au nettoyage, il me faut débarrasser les étalages. Cette mission pourtant enfantine, se transforme rapidement en un véritable cauchemar ! En effet, chaque fois que je soulève un objet, j’y découvre une affreuse araignée cachée dessous…
Je passe finalement la journée entière à jouer les Cendrillon, plus dépitée que jamais.
Je retrouve le sourire en soirée en faisant la connaissance d’Éli et Savannah, deux nouvelles volontaires québécoises. Les pauvres doivent dormir en tente dans l’enclos des chiens car il n’y a plus de place en dortoir. Finalement, je ne suis pas à plaindre…
Je me lève avec appréhension le matin suivant. Je me demande quelle tâche ingrate on va encore me confier.
Je ne tarde pas à le découvrir : cette fois, c’est le réfrigérateur de la cuisine aussi crasseux que l’accueil qu’on me demande d’astiquer. Je commence légèrement à regretter mon choix en m’étant portée volontaire. Manu ne m’avait pas précisé qu’elle recherchait une femme de ménage dans nos échanges emails !
Le jour suivant est un jour particulier pour le refuge qui organise une kermesse afin de récolter de l’argent pour son projet de création d’un centre vétérinaire.
À cette occasion, Emma et moi sommes chargés de cuisinier pour 20 personnes, de nettoyer les espaces communs et de préparer le pain.
Enfin, pour être tout à fait honnête, j’ai laissé Emma cuisiner car ce n’est pas du tout ma tasse de thé. Je me suis occupée de faire le ménage (pour changer) et de préparer le pain en suivant ses conseils avisés. Je devais sûrement être boulangère dans une vie antérieure…
Pour mon plus grand bonheur, les journées sont devenues beaucoup plus tranquilles une fois l’événement passé. Manu s’est finalement calmée dans sa folie ménagère.
Je découvre les joies de la vie au refuge et m’adapte rapidement à mon nouveau train-train quotidien.
Les matinées sont dédiées au nettoyage des cages et à l’alimentation des animaux en respectant le régime alimentaire de chaque espèce.
Quant aux après-midi, elles sont mises à profit pour la réalisation de « travaux personnels » comme par exemple l’aménagement de nouveaux espaces ou l’amélioration des structures existantes et à l’alimentation des carnivores en fin de journée.
Plus les jours passent, plus je commence à établir des liens étroits avec certains animaux. Victorina le singe araignée qui m’ignorait complètement à mon arrivée, s’assoit à présent sur mes genoux et m’agrippe la jambe lorsque je suis debout ; je parviens désormais à caresser Josh le ragondin et certains perroquets m’accordent assez de confiance pour me grimper sur l’épaule.
Mais le métier comporte également des risques ! En l’espace de quelques jours, j’ai eu la malchance de me faire mordre à deux reprises par le même ocelot. Il paraît tout mignon mais en réalité c’est un vrai jaguar ! Comme quoi, il ne faut jamais se fier aux apparences…
D’ailleurs, la seconde morsure à la cuisse m’a tellement traumatisé que je n’ai jamais voulu remettre les pieds dans sa cage !
J’ai été également prise par surprise par l’un des coatis qui m’a sauté dessus et m’a enfoncé ses deux crocs acérés sur le pouce droit en voulant déposer sa gamelle d’eau sur le sol.
Sales bêtes, on s’occupe d’eux et voilà comment on est remercié : par de belles cicatrices !
L’ambiance au refuge est agréable. Nous nous entendons tous très bien. Il n’est pas rare que nous regagnons le centre-ville pour y partager un repas le soir.
Je me suis d’ailleurs joint au groupe pour aller fêter le nouvel an Bolivien au fort de Samaipata. Nous avons fait la fête jusqu’au petit matin et avons enchaîné la journée de travail sans dormir !
D’ailleurs en y repensant, c’était du grand n’importe quoi cette soirée… Les gens se droguaient et buvaient jusqu’à s’écrouler par terre !
Le seul bémol, c’est Manu, la propriétaire qui s’avère être une vraie sorcière avec la gente féminine ! Elle passe ses journées assise à la réception à nous aboyer des tâches comme un véritable tyran.
Malgré Manu, mes blessures de guerre et Victorina (qui à la fin me suivait partout pour s’accoupler avec ma jambe gauche), je garde un très bon souvenir de cette expérience humaine et animale !