Il est 12h lorsque mon avion atterri à Papeete. J’ai de la chance, la famille tahitienne assise à côté de moi dans l’avion me propose gentiment de me raccompagner en voiture jusqu’à mon auberge.
Mon sac à dos déposé dans la chambre, je file en centre-ville. La déception me gagne aussitôt. J’ai toujours imaginé Tahiti comme le paradis sur terre. Une île paradisiaque perdue au beau milieu de l’Océan Pacifique.
Malheureusement, ça n’a rien d’une carte postale. Papeete n’est rien d’autre qu’un énorme port de croisière où d’immenses paquebots touristiques y font escale chaque jour.
Mince alors ! Moi qui comptais passer trois semaines de rêve à me prélasser sur de magnifiques plages de sables blanc, c’est raté ! Car en plus de ça, Tahiti est une île volcanique donc la majorité des plages sont composées de sable noir.
De retour à l’hostel, je fais la connaissance de Kevin, un français travaillant sur l’Aranui, un plaisancier. Je me joins à lui pour assister à un spectacle de danses traditionnelles polynésiennes sur la place principale.
On passe une super soirée. À la fin de la représentation, une des vahinés vient me chercher dans l’assistance pour reproduire à ses côtés la célèbre danse de l’oiseau. De quoi bien m’afficher dès mon arrivée…
Je me lève avec une idée en tête le matin suivant : me rendre au port ! Pas très excitant certes, mais j’ai ouï-dire qu’il était possible de voyager d’île en île en cargo. Apparemment, les places sont très limitées et sont généralement réservées des mois à l’avance.
Je ne me fais pas trop d’illusion. Je suis consciente que les chances d’obtenir le ticket d’or sont très minces mais qui ne tente rien n’a rien ! Je me présente telle une fleur dans les bureaux de l’HAWAIKI NUI en arborant mon plus beau sourire.
J’ai l’immense joie d’apprendre qu’un passager s’est désisté et qu’une place vient tout juste de se libérer pour la semaine prochaine. Je m’empresse d’acheter le billet, consciente de la chance inouïe qui s’offre à moi ! Je nage en plein bonheur… Je n’avais absolument pas prévu de visiter les îles car mon budget restreint ne me permettait pas de m’offrir un pass air Tahiti.
Je fête ce grand moment aux côtés de mon ami Pascua Paka, d’Arnau un Catalan et de Maja une Hollandaise tous rencontrés à l’auberge en allant dîner à la roulotte le soir venu.
Il pleut des cordes lorsque je me lève le lendemain matin. Je traîne à l’hostel et j’en profite pour écrire lorsqu’un quarantenaire Brésilien entame la conversation. Il me pose quelques questions et s’empresse de m’inviter au restaurant.
Je suis très mal à l’aise. D’une part, il pourrait être mon père et d’autre part, les prix sur le menu sont exorbitant. Cela n’a pas l’air de déranger Rodrigo qui me dévore des yeux et qui insiste pour que je choissise ce qui me fait plaisir.
Bon et bien si c’est comme ça… Ce sera une cassolette de moules-frites à la crème s’il vous plaît ! Rodrigo me demande de commander une bonne bouteille de vin. Je jette un œil à la carte et reconnais quelques appellations prestigieuses mais les prix sont tellement élevés que je refuse de choisir. Il insiste de plus belle. Mon choix se porte finalement sur une bouteille de Saint-Estèphe.
Je comprends assez rapidement que Rodrigo a de l’argent, beaucoup d’argent. Décidément, ça doit être un caprice de riche de vouloir se socialiser dans des hostels. C’est pas le premier mec plein aux as que je rencontre qui préfère côtoyer des auberges de jeunesse plutôt que des hôtels de luxe.
Il feint de s’intéresser à moi en me posant des questions personnelles sur ma vie en France, mes projets futurs et mon entourage. Je le soupçonne de vouloir m’impressionner en commandant une seconde belle bouteille et un plateau de fromage.
À la fin du repas, ce que je redoutais se produit. Rodrigo se montre de plus en plus entreprenant et tente de m’embrasser. Il doit s’imaginer qu’avec deux bouteilles dans le nez, je lui tomberai dans les bras.
Dommage pour lui, il s’est entiché de la plus grosse pochtronne française ! Faut dire qu’en ayant bossé 4 ans chez NICOLAS, j’ai acquis une certaine résistance.
Rodrigo ne se démonte pas. Il me propose de m’acheter un billet d’avion pour que je l’accompagne à Bora Bora car il a réservé une suite dans un hôtel sur pilotis et qu’il ne serait pas contre un peu de compagnie. Baaaa voyons et puis quoi encore ! Il m’a pris pour une poule de luxe ?
Je décline sa proposition et rentre à l’hostel. Les deux bouteilles de vins m’ont assommé et j’ai bien envie de faire une sieste pour lui échapper.
Il est 9h lorsque mon alarme me tire du lit le matin suivant. Je me joins à Titaïna, une française et Denise, une quinquagénaire québécoise pour aller visiter une partie de l’île en voiture. Au programme : une bonne petite journée entre gonzesses à la découverte de la pointe de Venus, du trou du Souffleur, du tombeau du roi Pomare, des grottes de Mara’a et des 3 cascades de l’île.
Je passe mon dernier jour à Tahiti à PK18, la plage publique la plus connue de l’île en compagnie de Denise. La sono du bus nous explose presque les tympans à l’aller. Nous nous prélassons à l’ombre d’un palmier et nous alternons de temps à autre pour aller nous baigner. Quelques tahitiens nous prennent pour mère et fille. Nous ne démentons rien et laissons l’imaginaire collectif s’exprimer bien que cela nous fasse doucement sourire…
De retour à l’hostel, je m’empresse de faire mon sac. Demain est un grand jour, je me rends aux Îles Sous-le-Vent en cargo !