Aujourd’hui, c’est un grand jour. Je quitte l’Asie ! Enfin du moins, c’est ce que je pensais.
Dans l’avion retour à Manille, je me remémore les 6 mois passés. Je réalise que je n’ai pas du tout envie de partir. Je n’ai découvert qu’une infime partie de la richesse et de la beauté de ce continent.
Je me présente au comptoir d’enregistrement de l’aéroport de Manille le cœur lourd. Je m’apprête à prendre mon second vol de la journée.
L’agent effectue les vérifications d’usure sur son ordinateur. Au bout de quelques instants, la dame s’adresse à moi et me demande de lui montrer mon visa.
Hein, quoi ? Quel visa ? C’est une blague ? Si c’est une blague, je ne trouve pas ça drôle. Offusquée par sa question, je rétorque froidement :« Il n’y a pas besoin de visa pour aller en Nouvelle-Zélande quand on est française ! »
Elle me répond tout aussi sèchement : « Madame, il vous faut un visa transit pour une escale supérieure à 8h en Australie. De plus, vous avez acheté deux billets d’avion dans deux compagnies aériennes différentes. Notre compagnie n’assure pas votre correspondance, c’est pourquoi il vous faut un visa. »
J’ai le cœur qui palpite. Ça veut dire quoi ? Elle interrompt le fil de mes pensées et me balance avec la plus grande assurance : « Je ne peux pas vous laisser embarquer sur ce vol sans visa, je suis désolée. » Ces quelques mots m’assomment et me laissent sans voix. Je récupère mon passeport et m’effondre en larmes.
Tout se bouscule dans ma tête. Il est déjà 21h ; je ne peux pas embarquer pour la Nouvelle-Zélande ; je n’ai pas d’endroit où dormir ; je n’ai plus d’argent liquide et je ne sais absolument pas quoi faire. Je décide de m’apitoyer sur mon sort un moment et laisse mes larmes couler à flot le long de mes joues.
Pour la première fois du voyage, je me sens complètement désemparée, seule et perdue. J’ai carrément envie de rentrer.
Je décide de me ressaisir. Je ne vais pas croupir dans le hall des départs ! Je me connecte à la wifi et regarde les prochains vols pour la Nouvelle-Zélande. Par chance, il y en a un demain soir avec une escale courte et une correspondance assurée par Qantas. Je m’efforce de contenir mes larmes en voyant le prix du billet s’afficher à l’écran.
Un employé de l’aéroport m’indique où trouver les bureaux de Qantas. À mon arrivée sur place, une hôtesse me sourit et me propose son aide.
Malheureusement, j’ai la gorge nouée. Aucun mot ne parvient à sortir de ma bouche. C’est comme si l’on m’étranglait.
Le stress, la fatigue, l’angoisse… C’est beaucoup trop d’émotion d’un coup ! Je craque et me laisse aller à nouveau dans les locaux de la compagnie aérienne.
Devant ma détresse, les agents présents sont aux petits soins avec moi. Ils m’apportent des mouchoirs, des bonbons et un verre d’eau. Je finis par me calmer et leur expose la situation.
L’un d’entre eux se charge alors de me réserver une place à bord du prochain vol tandis qu’un autre s’assoit à mes côtés pour me réconforter.
Je ressors finalement avec un nouvel itinéraire en poche. Je réserve un lit dans une auberge et retire un peu d’argent avant de monter dans un taxi.
J’ai le cœur qui bat à cent à l’heure lorsque je me présente au comptoir d’enregistrement le jour suivant. Cette fois, tout est en règle. Je peux embarquer !
Tout finit par s’arranger finalement. Du moins, c’est ce que je croyais. À ce moment là, je suis loin d’imaginer que ce n’est que le début du cauchemars…
Mon avion à Manille décolle avec deux heures de retard ce qui me fait manquer ma correspondance à Sydney.
À mon arrivée en Australie, je prends une famille de Philippins sous mon aile. Eux aussi se trouvent dans la même situation et semblent totalement perdus. Nous nous rendons dans les locaux de Qantas. Les agents se décarcassent pour nous trouver un itinéraire de substitution.
Bien évidemment, tous les vols directs à destination de Christchurch sont complets. Nous allons d’abord devoir atterrir à Auckland et prendre un vol interne pour rejoindre l’île du Sud.
Il est 16h lorsque nous atteignons Auckland. J’attends mon sac à dos devant le tapis roulant. Je regarde patiemment les valises défiler sous mes yeux pendant un long, très long moment avant de me rendre à l’évidence : la mienne n’y est pas. Résignée, je me présente au service à bagages de l’aéroport. Le traceur indique que mon sac s’est fait la malle à Sydney !
L’agent me certifie qu’il me sera restitué sous 24h. Autrement dit, je dois poursuivre mon voyage sans mes affaires. Super, manquait plus que ça !
C’est l’hiver en Nouvelle-Zélande. Je porte un short en coton et un léger sweat à capuche H&M. Autant vous dire que je vais sûrement mourir de froid d’ici là.
Et comble de la malchance, comme si je n’avais pas assez souffert, mon avion pour Christchurch est retardé de 3h00.
Ma situation devient tellement ridicule que je commence même à en rire. La suite logique c’est que l’avion crash après tout ça, non ?
Il est 23h lorsque j’atteins ENFIN Christchurch à bout de nerf ! Je n’en reviens pas. Des larmes de joies commencent à monter… Nous immortalisons ce moment de bonheur !
La famille de philippins me propose gentiment de me conduire jusqu’à mon auberge de jeunesse en guise de remerciement pour avoir jouer les chaperons.Je ressens le besoin de me confier à quelqu’un en arrivant à l’hostel.
Je trouve un italien à qui parler. Il a l’oreille attentive. Touché par mon récit, il me prête aussitôt un manteau et un kit de toilette pour me dépanner. Une attention délicate qui me décroche un sourire, le premier en 48h.
Ma valise me sera finalement restituée avec quatre jours de retard. Il m’a fallu acheter des articles de toilette ainsi que des affaires de rechange pour pallier à l’attente.
Cette mésaventure m’a quand même très affecté moralement. Il m’a fallu quelques jours pour m’en remettre. Mais soyez rassurés, j’ai finalement retrouvé le sourire en découvrant toute la beauté des paysages de Nouvelle-Zélande une fois mes affaires récupérées…